À la lecture de la chronique de Messire de Facal, intitulée
L'argent sale, on a l'impression qu'il présupose que tous les lecteurs du Journal de Montréal ne lisent pas aussi Le Devoir, car son texte est pratiquement un plagiat de celui de Madame de Bombardier publié quelques jours avant et au titre quasi identique;
Maudit argent.
Le propos est le même; Marois est dans son droit et le peuple a tort. Étonnant et discordant discours de la part de quelqu'un qui se présente comme un libérateur de ce même peuple.
Ce que reproche Messire de Facal au peuple québécois, est de faire un lien entre la "réussite matérielle" de quelqu'un et les moyens qu'il a pris pour y "arriver". Pour Messire de Facal, faire ce lien tient d'un défaut culturel héréditaire et typiquement québécois. Il va même jusqu'à identifier pour nous l'origine de ce "mal" à "l'arrivée" soudaine de l'Anglais au sein de "notre" société, il y a 250 ans. Selon sa théorie, la "réussite" matérielle et commerciale de l'Anglais, comparativement à nos échecs dûs entièrement à notre incappacité héréditaire, aurait provoquée en nous des sentiments de jalousie, d'envie et de rancoeur. Puis, ces mauvais sentiments se seraient alors transformés en un complexe d'infériorité à ce point profond que germina alors dans le collectif du Québécois un mythe selon lequel la "réussite" matérielle de l'Anglais était dûe à une invasion militaire pour la domination des ressources et du commerce du territoire.
Ce complexe transformé en mythe, Messire de Facal nous montre à quel point il est toujours actif jusque dans nos productions culturelles qui nous rappellent et nous réduisent toujours à la terre, au territoire, comme si c'était là, en ce lieu "sale", en cette "boue", qu'est notre richesse. Le succès de ces émissions qui ne parlent que de "maudites terres sales" et nous montrent des Québécois qui s'y agrippent avec une telle détermination, de peur que quelqu'un vienne leur voler, dépasse l'entendement du "souverainiste" de Facal.
La Marquise de Marois doit représenter une bien grande "valeur" aux yeux de Messire de Facal pour qu'il réduise ainsi jusqu'au mépris tout un peuple, dans le seul but de sauver le peu d'honneur qui reste à cette "parvenue". Il nous rapelle la morale de l'Église catholique qui nous mettait en garde contre l'argent qui est le mal par lequel tout arrive, et de son symbole en Séraphin qui joue au pauvre et se cache pour juir de son or. Or, jouer au pauvre et se caher pour jouir de son or, n'est-ce pas exactement ce qu'a fait la Marquise de Marois ?
Nous savons tous comment Séraphin obtient son or. Par l'usure. Ce n'est donc pas l'or de Séraphin qui est montré comme le mal, mais les moyens qu'il prend pour l'accumuler, son amour insensé pour lui de par sa futilité à le garder caché dans un sac au grenier. Séraphin ne représente pas le Québécois, mais le juif. Le notaire n'est pas pauvre, et la richesse de la riche héritière anglaise n'est pas mal vue, même si sa richesse vient de la domination des ressources des Québécois.
Mais, Messire de Facal préfère nous faire le jugement de tout le peuple québécois, ses riches, sa culture, ses émissions de télé, en évitant soigneusement de dire le moindre mot sur "l'argent sale" de son titre. Ni de son possesseur, ni de sa provenance. Ce doit être à cause de l'héritage culturel de Messire de Facal, cette fois, qui s'est aussi transformé en ce mythe moderne qui veut que l'invasion militaire de l'Amérique par ses compatriotes espagnols, de leur massacres des Amérindiens pour le pillage de leur or et leurs "sales terres", fut un événement "bénéfique" pour l'humanité.
De là au mythe que la conquête anglaise fut bénéfique pour les Québécois, c'est le pas que Messire de Facal, en son texte, a bien franchi.
À chacun ses mythes, n'est-ce pas, Messire de Facal ?